Elinor Ostrom : 95 milliards en France !
Et en Belgique, quel est le coût de la virilité ?
La conférence
Lors de sa conférence, Elinor Ostrom questionnera la gouvernance des biens communs. Pensée par des hommes pour des hommes, la gestion de la société s’avère déjà extrêmement coûteuse: selon Lucile Peytavin*, la culture viriliste coûte déjà près de 95 milliards à l’État français1. Elinor Ostrom, de son côté, analysera comment la gestion de nos sociétés par des hommes impacte nos ressources naturelles et notre économie belge. Elle démontrera ensuite comment des pistes d’actions collectives dans la gouvernance des biens communs peuvent être bénéfiques autant pour les finances d’un État que pour le bien-être de sa population.
À travers son argumentation, Elinor Ostrom nous offrira une perspective encore plus large en évaluant également l’impact de la virilité sur la gestion des ressources naturelles d’un pays… Entre économie et écoféminisme, tout un champ de savoirs s’offre à nous. Comment considérer l’éducation des enfants – des garçons et des filles – comme un bien commun ? Quelles pourraient être les projections économiques d’une telle considération sur les politiques publiques, ainsi que dans la sphère privée ? Telles seront les questions auxquelles Elinor Ostrom nous invitera à répondre le temps d’une soirée.
* Dans son ouvrage Le Coût de la virilité (éditions Anne Carrière, mars 2021), Lucille Peytavin a calculé le coût direct qu’a dépensé l’État français en services de police, judiciaires, médicaux et éducatifs pour faire face aux actes virils2. Il se trouve que, “en France, les hommes sont responsables de l’écrasante majorité des comportements asociaux : ils représentent 84 % des auteurs d’accidents de la route mortels, 92 % des élèves sanctionnés pour des actes relevant d’atteinte aux biens et aux personnes au collège, 90% des personnes condamnées par la justice, 86 % des mis en cause pour meurtre, 97 % des auteurs de violences sexuelles, etc.” Ainsi, la culture viriliste coûte tous les ans à peu près 95 milliards d’euros à la France.
Biographie
Politologue et économiste américaine, Elinor Ostrom a reçu le Prix Nobel d’économie en 2009 pour ses travaux sur la gestion collective des biens communs, ces « ressources partagées par un groupe de personnes » (les ressources naturelles, les connaissances, ainsi que les biens publics matériels et immatériels)3. Face à la privatisation et à la gestion d’un État, cette autogouvernance s’annonce, selon elle, comme une alternative viable et équitable pour l’avenir, pour autant qu’on délaisse nos intérêts personnels au profit de la collectivité5.
Elinor Ostrom est née en 1933 et morte en 2012.
Nos héroïnes contemporaines
Et non, malheureusement, Elinor Ostrom ne peut pas donner une conférence aujourd’hui. Pourtant, d’autres femmes se sont distinguées et se distinguent encore dans ces domaines de l’économie, de la finance et de la gestion. Si nous pouvions organiser cette conférence, nous aimerions inviter, par exemple :
- Lucile Peytavin, essayiste et docteure en histoire, autrice du livre Le coût de la virilité, autour des coûts directs et indirects de la culture viriliste en France
- Titiou Lecoq, journaliste, féministe, blogueuse, essayiste et romancière française, spécialiste de la culture web, autour de la comptabilité des couples hétérosexuels et leurs rapports de pouvoir
- Marie Duru-Bellat, sociologue française, spécialiste de l’éducation et de l’enseignement supérieur, et/ou Perrine Michon, géographe, pour l’éducation comme bien commun
- Marie-Hélène Bacqué, professeure d’étude urbaine, spécialiste en démocratie participative
- Yolanda Ziaka, économiste, docteure en éducation environnementale, ayant également une maîtrise en arts plastiques et en science de l’art
- Aline Farès, autrice des Chroniques d’une ex-banquière, livre et spectacle contribuant à rendre le sujet des banques et de la finance accessible
Pour aller plus loin
« Rends l’argent », podcast de Titiou Lecoq, produit et réalisé par Slate.fr sous la direction de Christophe Carron et Benjamin Saeptem Hours, avec Aurélie Rodrigues
Le coût de la virilité. Ce que la France économiserait si les hommes se comportaient comme les femmes, essai de Lucille Peytavin, Anne Carrière, mars 2021
Libérées ! Le combat féministe se gagne devant le panier de linge sale, essai de Titiou Lecoq, Fayard, 2017
Les biens communs. Un modèle alternatif pour habiter nos territoires au XXIe siècle ?, essai sous la direction de Perrine Michon, PU Rennes, avril 2019
Sources
1 https://www.rtbf.be/info/societe/detail_quand-les-coups-de-la-virilite-deviennent-des-couts-pour-notre-societe-sans-cette-education-le-budget-pourrait-etre-a-l-equilibre?id=10713138, consulté le 18 octobre 2021
2 https://www.lesinrocks.com/cheek/cout-virilite-hommes-essai-lucile-peytavin-308613-12-03-2021/, consulté le 18 octobre 2021
3 https://fr.wikipedia.org/wiki/Elinor_Ostrom#Ostrom_et_la_gouvernance_des_biens_communs, consulté le 18 octobre 2021
4 https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2012/06/19/elinor-ostrom-nobel-2009-d-economie-theoricienne-des-biens-communs_1721235_3382.html, consulté le 18 octobre 2021
5 Elinor Ostrom, La Gouvernance des biens communs : Pour une nouvelle approche des ressources naturelles (Governing the Commons: The Evolution of Institutions for Collective Action), De Boeck, 2010