Ebru Timtik

La politique migratoire européenne : l’échec des droits humains

Une conférence d’Ebru Timtik

La conférence

Inviter Ebru Timtik à débattre de la politique migratoire européenne promet une soirée passionnante. Les valeurs européennes concernant l’asile et la migration étant davantage proches des mots “détenir”, “trier”, “expulser”1 que du mot “solidarité”, Ebru Timtik pourra conclure à l’échec de la politique migratoire européenne. Fervente défenseuse des droits humains, elle n’hésitera pas à dénoncer les contrôles abusifs aux frontières de l’Union européenne, la pratique des refoulements2 ainsi que les conditions inhumaines de vie des personnes exilées dans les pays méditerranéens (voir les « hot spots » dont certains ont été qualifiés de « camps de détention » par le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés3). Pourra-t-elle affirmer que la politique d’asile de l’Union européenne n’en est en réalité pas une ? En concluant des accords avec des pays tels que le sien, la Turquie, l’UE cherche à externaliser ses frontières au-delà de la Méditerranée. La mer Méditerranée étant le cimetière de dizaines de milliers de personnes migrantes, Ebru Timtik pourra convaincre les participants et participantes qu’il est grand temps de regarder les choses en face !4
Affiche Ebru Timtik
Ebru Timtik

Biographie

Avocate turque et militante de gauche face au gouvernement autoritaire et nationaliste du président Recep Tayyip Erdogan, Ebru Timtik est considérée comme une icône de la lutte pour la défense des droits humains.

Membre de l’Association des avocats progressistes (CHD), Ebru Timtik et d’autres avocat·es turc·ques membres de cette même association ont été condamné·es en 2019 à plusieurs années de détention sous la présidence de Recep Tayyip Erdogan. Le régime en place considère cette association comme « organisation terroriste ». Réclamant un procès équitable, Ebru Timtik a mené une grève de la faim en hiver 2019, et a fini par en mourir en août 2020, sans avoir été entendue5.

D’origine Kurde, Ebru Timtik était devenue l’une des plus compétentes défenseuses des cas politiquement sensibles en Turquie. C’est elle notamment qui avait assisté la famille d’un adolescent mort en 2014 des suites de blessures reçues lors des manifestations antigouvernementales du parc Gezi en 2013. Elle s’était également mobilisée auprès des familles victimes des massacres de civils kurdes à Cizre en janvier 20166.

Nos héroïnes contemporaines

Nous aurions tant aimé écouter Ebru Timtik et l’accueillir parmi nous aujourd’hui. Une conférence avec elle n’est plus possible. Pour prolonger son engagement, nous pourrions inviter d’autres femmes défendant les droits humains. Comme par exemple : 

  • Agnès Callamard, secrétaire générale et porte-parole d’Amnesty International depuis 2021, experte française des droits humains, rapporteure spéciale du Conseil des droits humains des Nations Unies sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires
  • Sibylle Gioe, avocate du barreau de Liège, spécialiste du droit des étrangers, membre du Cabinet d’avocates “Libra” basé à Liège qui se consacre à la défense des droits humains, http://libra-avocats.be/
  • Sylvie Sarolea, professeure de droit des migrants, droit international privé et droits humains. Elle coordonne l’équipe droits européens et migrations à l’UCL. Elle enseigne ces matières et dirige plusieurs recherches doctorales, recherches interdisciplinaires centrées sur les questions liées aux migrations. Elle collabore au réseau académique Odysseus (experts académiques européens) qui travaille sur le droit européen de l’asile et de l’immigration.
  • Cécile Vanderstappen, chargée de recherche sur la Justice migratoire pour le CNCD-11.11.11, www.cncd.be 
  • Coralie Hublau et Sophie Devillé, de l’équipe du service études et politique du CIRÉ (Coordination et initiatives pour réfugiés et étrangers), www.cire.be 
  • France Arets, militante pour le CRACPE (Collectif de résistance aux centres pour étrangers) depuis ces débuts en 1997
  • Olivia Venet, présidente de la Ligue des droits humains en Belgique. Elle a travaillé trois ans au service de droit international humanitaire de la Croix-Rouge de Belgique et est spécialiste en droit pénal au cabinet Vergauwe. Elle a aussi présidé la Commission Justice de la ligue des droits humains.